Le subjonctif est un mode grammatical exprimant un fait comme pensé ou imaginé (opinions, faits irréels, incertains ou simplement envisagés), par contraste avec l'indicatif qui est censé rapporter les faits réels. Dans la langue française de nos jours deux temps sont majoritairement utilisés, le subjonctif présent et sa forme accomplie exprimant l'antériorité, le subjonctif passé. Les autres temps existants utilisés plus marginalement : il s'agit du subjonctif imparfait et de sa forme accomplie, à savoir le subjonctif plus-que-parfait, normalement employés lorsque le verbe de la principale est au passé. La concordance des temps a tendance à ne plus se faire pour les subordonnées au subjonctif et c'est à ce titre qu'on utilise de plus en plus souvent le subjonctif présent et le subjonctif passé, quel que soit le temps de la principale
Le subjonctif est employé pour souligner une incertitude ou une irréalité, là où l'indicatif dénoterait d'une certitude. Par exemple :
- Il semble que je ne puisse pas le faire. (opinion, incertitude) / Je ne peux pas le faire. (constatation)
- Il est possible qu’il vienne. (incertitude) / Il est certain qu'il viendra. (certitude)
- Je cherche un hôtel qui ait une piscine avec un bassin pour les petits. (pour l'instant c'est une vue de l'esprit et il n'existe peut-être pas) / Je cherche un hôtel qui a une piscine avec un bassin pour les petits. (je sais qu'un tel hôtel existe, je veux l'identifier)
Le subjonctif sert aussi à exprimer un fait réel, mais en le présentant comme une pensée ou une idée envisagée. Alors que l'indicatif servirait à rapporter un fait en tant que tel. Par exemple :
- Ça me désole qu'il se soit fâché avec ses parents. (il s'agit d'un fait réel, mais dans cette phrase il est d'emblée présenté comme envisagé par quelqu'un qui a une opinion ou émotion à son sujet) / Il s'est fâché avec ses parents, ça me désole. (le fait est tout d'abord rapporté « objectivement » au passé composé, puis une opinion est exprimée à son sujet)
- Qu'il soit né en 1475, c'est prouvé, il n'y a aucun doute là-dessus. (le fait est tout d'abord présenté comme une hypothèse, une opinion, dont on précise ensuite qu'elle est en tout point conforme à la réalité) / Il a été prouvé qu'il était né en 1475. (fait simplement rapporté)
Emplois du subjonctif
Ce n'est pas parce qu'il y a une conjonction de subordination que l'on emploiera forcément le subjonctif. Le subjonctif fut à l'origine affaire de sens, de sémantique, pas de « mécanique ». Néanmoins le critère sémantique n'est plus rigoureux, et la maîtrise du subjonctif français demande beaucoup de pratique et d'effort aux étrangers.
On trouve le subjonctif dans les propositions subordonnées après la majorité des verbes qui expriment :
- La volonté, le désir, le souhait :
- J'aimerais que vous veniez sans tarder.
- L'obligation, la nécessité :
- Il faut que tu ailles chez elle tout de suite.
- La possibilité, l'impossibilité, la probabilité, le doute, l'incertitude, l'hypothèse :
- Je doute qu'il vende à ce prix-là.
- L'émotion, le sentiment, l'appréciation, la crainte :
- Je me réjouis qu'il soit avec nous.
- J’apprécie que vous soyez venus me rendre visite.
- Je craignais qu'il ne fût déjà parti.
On le trouve aussi après la plupart des locutions adjectivales être + adj + que qui expriment la subjectivité:
- Il est heureux que vous ayez pensé à faire des provisions.
- C’est tragique qu’il soit mort si jeune.
- Je suis surprise qu’ils ne m’aient pas encore répondu.
Néanmoins, les verbes principaux exprimant les notions ci-dessus ne sont pas toujours suivis d’une subordonnée au subjonctif. Quelques exemples :
Si le verbe de la principale est penser à la forme affirmative, le subjonctif ne s'utilise pas, alors qu'il s'utilise en principe si penser est à la forme négative :
- Il n’arrive toujours pas, je pense qu’il a oublié le rendez-vous.
- Il n’arrive toujours pas. Je ne pense pas qu’il ait oublié le rendez-vous, il a dû rencontrer un problème.
variante: « Je ne pense pas qu'il viendra » (indicatif) = je suis sûr qu'il ne viendra pas
En France, au XXIe siècle, espérer qui exprime le désir n'est plus suivi du subjonctif (mais il peut encore l'être dans d'autres pays francophones), sauf après l'impératif à la forme négative :
- J’espère que tu m’enverras une carte postale !
- N’espère pas que j’y aille à une heure pareille !
Le subjonctif s'utilise après possible que, mais pas automatiquement après probable que :
- Il est probable qu'il reviendra. (mais on dit toujours : Il est possible qu’il revienne).
On trouve aussi le subjonctif dans des subordonnées introduites par des verbes principaux qui n'ont pas (ou plus) de valeur subjective :
- Nous ne sommes pas pressés, nous attendrons qu’elle ait fini.
- Je veux éviter qu’il comprenne trop vite mon stratagème.
On l'utilise après certaines locutions conjonctives introduisant souvent le but, l’opposition, la condition ou la concession, telles que :
- afin que, de sorte que, pour que
- bien que, pour autant que
- sans que, quoique
- assez... pour que, trop.. pour que
- pourvu que
- ...
après que est selon les règles grammaticales suivi de l'indicatif, même si l'usage courant tend à le remplacer par le subjonctif, au grand dam des puristes. Ex : Après que ma mère est passée faire le ménage, je ne retrouve plus mes affaires.
Le subjonctif s'emploie comme verbe principal dans une phrase commençant par que, avec valeur d’ordre : Que chacun se mette au travail ! ou de souhait (expression figée ou style « grandiloquent ») : Que le diable l'emporte ! Que les obstacles à notre projet soient balayés !
Le subjonctif non précédé de que existe:
- des expressions consacrées : Vive le Roi !
- dans le style littéraire : Passent les jours, les années, ce souvenir ne s’effacera jamais.
- ou bien dans Sauve qui peut! (que celui qui peut sauver quelqu'un ou quelque chose le sauve... nous, on s'sauve!)